mardi 15 mai 2007

SPIDER-MAN 3 de Sam Raimi (2007)

Nouvelle référence dans le domaine des adaptations de comics (en attendant le prochain Batman, à nouveau dirigé par le brillant Christopher Nolan), la saga des Spider-Man arrivait à un point critique avec le toujours périlleux troisième épisode (exercice bien souvent casse-gueule), d'autant plus que les deux premiers épisodes affichaient un sans faute insolent sur tous les tableaux.

On reprend donc les mêmes et on recommence. Il est d'abord intéressant de constater à quel point Sam Raimi reste fidèle à sa ligne directrice. Le bonhomme avait émerveillé tout son monde, il y a 20 ans, avec Evil Dead II (1987). Univers délirant et mouvements de caméra virtuoses nous révélaient ainsi le génie sans cesse confirmé depuis de ce réalisateur atypique (parcours d'ailleurs semblable à celui de Peter Jackson) ayant fait ses armes avec les non moins géniaux frères Coen. En ce sens, le premier affrontement de Spider-Man et de Harry Osborn nous renvoie presque à l'intégralité de la filmo de Big Sam avec, une nouvelle fois, une mise en scène époustouflante et une utilisation de la caméra absolument renversante, enterrant instantanément la scène du Tramway de Spider-Man 2 qui constituait alors le point d'orgue de la saga en matière d'action.

Sam Raimi affiche ainsi d'entrée ses ambitions (terriblement élevées et presque toujours atteintes) avec ce nouvel épisode. Peter Parker, psychologiquement toujours aussi instable, voit ses difficultés quotidiennes franchir un nouveau pallier: gloire naissante difficile à gérer, nouvelle petite amie, nouveaux rivaux. Les enjeux affectifs et belliqueux s'en trouvent donc décuplés et donnent une force émotionnelle constante au récit... mais font malheureusement apparaître quelques défauts mineurs: facilités scénaristiques (connections entre les personnages pas toujours subtiles et heureuses), symbolisme inutile (ah, ce drapeau américain flottant dans le dos de notre héros!) et personnages pas toujours assez approfondis (Venom en tête). Certains ajouteront à la liste quelques gags farfelus qui amuseront certainement les fans de Raimi (caméo de Bruce Campbell hilarante, scène de la danse digne de The Mask...) mais qui énerveront sans doute le spectateur lambda. A flirter ainsi près d'une ligne directrice aussi dangereuse et habité par une folie permanente, Sam Raimi ne fera sans doute pas que des heureux auprès des spectateurs mais assume sans cesse ses choix (risqués lorsque l'on adapte une telle B.D.) tout au long du film avec une détermination qui force le respect.


Pour autant, Spider-Man 3 remplit aisément son cahier des charges, porté par l'enthousiasme (parfois candide, toujours sincère) de son héros et de son réalisateur et s'impose comme le meilleur épisode de la saga. Aussi bien sur les plans visuels et émotionnels le film atteint de véritables sommets malgré des partis pris ô combien risqués de la part de son auteur et rend l'attente des nouveaux Batman (The Dark Knight) et Hellboy (The Golden Army) encore plus insoutenable.


8.5/10

NB: A noter l'excellente utilisation du morceau "I'm Through With Love" dans le générique de fin, déjà entendu dans Everyone Says I Love You de Woody Allen.

1 commentaire:

Seb a dit…

OK, merci Mickaël pour ton commentaire sur ma propre note, en fait je vois que nos analyses se rejoignent sur le fond, mais l'effet produit reste heureusement pour toi plus positif... je t'envie ! Peut-être deviens-je trop exigeant. Je le suis d'autant plus en effet avec les grands réalisateurs... ;-)