dimanche 25 mars 2007

FESTIVAL DU FILM ASIATIQUE DE DEAUVILLE


Cette semaine: direction Deauville afin d'assister au festival du film asiatique. Un hommage est rendu a Park Chan-Wook, dont la filmographie est entièrement diffusée. L'occasion de voir son nouveau métrage, I'm a Cyborg... But It's Ok (2007). Plus qu'une curiosité, c'est une véritable excitation qui m'emmène voir ce génial réalisateur dont la trilogie sur la vengeance (avec en point d'orgue le magnifique Oldboy) constitue une expérience sensorielle traumatisante, comme seuls David Lynch (Mulholland Drive) ou Christopher Nolan (Memento) ont su me procurer lors de cette dernière décennie.



Park Chan-Wook:

Né le 23 août 1963 à Séoul en Corée du Sud, Park Chan-wook étudie la philosophie à l'université Sogang où il fonde le ciné-club « Movie Gang » et s'intéresse de près à la théorie du cinéma. Après avoir écrit et réalisé deux films qui n'obtiennent pas le succès escompté, son long métrage « Joint Security Area » bat tous les records d'entrées en Corée du Sud en 2000 et participe à de nombreux festivals internationaux, dont le Festival de Berlin et le Festival du Film Asiatique de Deauville où il remporte le Grand Prix en 2001. L'année suivante, Park Chan-wook entame avec « Sympathy for Mr. Vengeance » une trilogie consacrée à la vengeance. « Old Boy », le deuxième opus de cette trilogie, remporte le Grand Prix du Jury du Festival de Cannes 2004. Son troisième volet, « Lady Vengeance », remporte le Lion d'Avenir et le Prix de l'innovation au Festival de Venise 2005. Son septième long métrage, « I'm a Cyborg, But That OK », vient d'être présenté en compétition au Festival de Berlin où il a remporté le Prix Alfred Bauer. Park Chan-wook travaille actuellement sur son prochain film, « Evil Live », qu'il va réaliser et produire.

jeudi 22 mars 2007

300 de Zack Snyder (2007)

Après une attente interminable de près d'un an et encouragé par les critiques américaines dithyrambiques, il allait sans dire que mes espoirs étaient à la hausse pour la sortie de ce film. Espoirs également accrus par la présence de Zack Snyder derrière la caméra, après le remake parfaitement maîtrisé et visuellement superbe du chef d'oeuvre de George Romero: Dawn Of The Dead.

L'histoire de ces 300 spartiates, dirigés par Leonidas et partis à la mort face aux milliers de Perses promettait donc beaucoup sur le papier. Surtout lorsque le matériau de base provient des mains du grand dessinateur Franck Miller, dont l'adaptation de Sin City était époustouflante. Autant le dire tout de suite, 300 est un échec sur tous les tableaux. Esthétiquement, le film s'avère aussi ambitieux que original (décors entièrement en synthèse, travail des couleurs très soigné), mais se trouve plombé par les tics contractés par le réalisateur lors de ses débuts dans le monde du clip (images sans cesse ralenties et accélérées - le gimmick étant utilisé ad nauseum, combats parfois brouillons et à mille lieux d'un Troie) alors qu'ils constituaient la principale réussite artistique de son dernier métrage. Autre déception visuelle: les créatures qui promettaient d'être à la fois menaçantes et impressionnantes n'apparaissent qu'une seule fois à l'écran, peu de temps, et ne sont jamais exploitées, ce qui constitue une terrible désillusion au vu des premières images qui ont filtré autour du métrage.

Malheureusement pour le film, rien n'est à sauver dans le naufrage. 300 est totalement desservi par des acteurs dépourvus de tout charisme. Il suffit de voir Leonidas (sourire en coin figé pendant tout le film) qui se contente de débiter ses lignes de manière théâtrale comme si chaque récit "historique" se doit d'être joué de façon solennelle. Le même traitement est réservé à Xerxes, le roi Perse, et donne au film un côté grotesque vraiment dérangeant.

Le scénario est, quant à lui, cousu de fil blanc. Les deux actes de trahison sont hyper prévisibles et traités pardessus la jambe: la scène où le spartiate difforme se fait évincer par le roi avant de crier vengeance et de maudire ses parents est tout simplement consternante. Le moment où la reine se donne à son ennemi afin d'épargner la vie de son mari lors de son retour alors que celui-ci est parti... à la mort est tout aussi stupide. A ce propos, l'image de la femme est, durant tout le film, absolument déplorable. La soumission dont elle est fait preuve est justifiée, certes, mais sa présentation se limite uniquement au pur objet sexuel (la première scène érotique du film - sous forme d'un ralenti d'une dizaine de secondes - ne nous épargne aucun cliché tandis que dans le camp ennemi elle ne nous est dévoilée que lors de ses plaisirs lesbiens).

Restent alors les batailles. Là également, la déception est terrible puisque les deux premières nous montrent des Spartiates presque invulnérables, aux pertes extrêmement minimes, ôtant tout sentiment de danger et de tension durant la totalité du film, tandis que la troisième et dernière scène, qui promettait un affrontement mémorable et sans merci ne dure... qu'une trentaine de secondes (!!!), la mort frappant tous les vaillants combattants hors champ, le roi y compris. Une surprise de taille, à moins que le DVD nous offre un director's cut digne de son nom mais il est sans doute déjà bien trop tard pour sauver le film. Et ce n'est pas la scène finale, plagiant honteusement Gladiator et ses champs de blés pour la troisième fois (le compositeur Tyler Bates va même jusqu'à réutiliser des choeurs similaires à ceux de Hans Zimmer, alors que son propre score ne décolle jamais vraiment) qui rattrapera quoi que ce soit.

La critique peut paraître très sévère mais il est vraiment difficile de ressentir autre chose que de la frustration après le visionnage de 300. Les propos de Julien Dupuy (Mad Movies) expriment d'ailleurs parfaitement mon ressenti après ces deux heures de spectacle bourrin: Du bodybuilding cinématographique: une fanfaronnade boursouflée, affectée et vaine.

En espérant que Zack Snyder, dont le talent est évident, se rattrape d'urgence lors de son prochain film. Pendant ce temps là, je retourne à Sin City...

5/10

dimanche 18 mars 2007

LA CITE INTERDITE de Zhang Yimou (2006)

Le cinéma est décidément un milieu peuplé d'escrocs. Tandis qu'un Michael Bay réussit l'exploit de dévoiler le contenu de ses métrages dans une simple bande-annonce, Zhang Yimou est capable de vous refourguer une 205 rouge en vous faisant croire qu'il s'agit d'une Ferrari Testarossa. A y regarder de plus près, ses deux derniers Wu Xian Pian bien qu'handicapés par un propos douteux ( Hero qui glorifie la tyrannie de l'empereur sur un script grugeant allègrement le Rashomon de Akira Kurosawa) ou un scénario anémique ( Le Secret des poignards Volants qui prend souvent la pose), parvenaient tout de même à émerveiller le spectateur grâce à ses couleurs flamboyantes, ses combats parfaitement corégraphiés, ses costumes grandioses, un score magnifique et une photo ultra esthétique capable de rendre la vue à n'importe quel joueur du PSG. D'une certaine façon, la forme (impressionnante) faisait amplement oublier le fond (quasi inexistant).

Avec La Cité Interdite, le réalisateur chinois continue sur sa lancée (amorcée par Ang Lee en 1999 avec Tigre et Dragon dont la réussite artistique était totale sur tous les tableaux), avec cette fois-ci, l'optique de rendre le contenu aussi beau que l'emballage. Les premières images du film confirment pourtant qu'en matière d'orfèvrerie Zhang Yimou est décidément plus à l'aise avec la confection de l'écrin qu'avec celle du joyau supposé y être contenu. Certaines longueurs se font rapidement sentir, le scénario peine à se dessiner malgré une histoire plutôt convenue (bien qu'intéressante) tandis que les acteurs semblent s'ennuyer autant que le spectateur, a l'exception d'une Gong Li (Mémoires d'une Geisha, Miami Vice) à nouveau impeccable. L'époque d'Epouses Et Concubines semble alors bien loin pour son auteur malgré des intentions louables et une volonté de dynamiser son film avec une première scène d'action pourtant aussi vaine que inapropriée malgré ses qualités chorégraphiques indéniables.

Heureusement, après une première partie plutôt soporifique le ton du film change radicalement lorsque les sous-intrigues, rapidement prévisibles, apparaissent en même temps qu'une scène d'action tout bonnement ébouriffante. Cette attaque nocturne portée a partir des montagnes est à couper le souffle autant dans sa réalisation (hyper dynamique et, chose peu commune dans le genre, très originale) que dans sa tension étouffante. Et le film de commencer alors à nous montrer ce que sait faire de mieux Zhang Yimou: soin esthétique exacerbé, personnages maudits tout droit sortis d'une tragédie grecque, le tout aspiré par un souffle épique ravageur. Et ce, jusqu'à ce final étourdissant et oppressant qui emprunte autant à ses derniers films qu'à Les Deux Tours du maître-étalon en la matière, Peter Jackson (l'ombre du "Gouffre de Helm" se faisant sans cesse sentir).

On arrive alors à pardonner volontiers au réalisateur le démarrage laborieux de son film et ne retenir que la force émotionnelle et incoercible de ces dernières images renversantes. Car au final, Zhang Yimou apporte enfin ce qui manquait cruellement a Hero et au Secret Des Poignards Volants: une âme et de l'émotion.

8/10