jeudi 22 mars 2007

300 de Zack Snyder (2007)

Après une attente interminable de près d'un an et encouragé par les critiques américaines dithyrambiques, il allait sans dire que mes espoirs étaient à la hausse pour la sortie de ce film. Espoirs également accrus par la présence de Zack Snyder derrière la caméra, après le remake parfaitement maîtrisé et visuellement superbe du chef d'oeuvre de George Romero: Dawn Of The Dead.

L'histoire de ces 300 spartiates, dirigés par Leonidas et partis à la mort face aux milliers de Perses promettait donc beaucoup sur le papier. Surtout lorsque le matériau de base provient des mains du grand dessinateur Franck Miller, dont l'adaptation de Sin City était époustouflante. Autant le dire tout de suite, 300 est un échec sur tous les tableaux. Esthétiquement, le film s'avère aussi ambitieux que original (décors entièrement en synthèse, travail des couleurs très soigné), mais se trouve plombé par les tics contractés par le réalisateur lors de ses débuts dans le monde du clip (images sans cesse ralenties et accélérées - le gimmick étant utilisé ad nauseum, combats parfois brouillons et à mille lieux d'un Troie) alors qu'ils constituaient la principale réussite artistique de son dernier métrage. Autre déception visuelle: les créatures qui promettaient d'être à la fois menaçantes et impressionnantes n'apparaissent qu'une seule fois à l'écran, peu de temps, et ne sont jamais exploitées, ce qui constitue une terrible désillusion au vu des premières images qui ont filtré autour du métrage.

Malheureusement pour le film, rien n'est à sauver dans le naufrage. 300 est totalement desservi par des acteurs dépourvus de tout charisme. Il suffit de voir Leonidas (sourire en coin figé pendant tout le film) qui se contente de débiter ses lignes de manière théâtrale comme si chaque récit "historique" se doit d'être joué de façon solennelle. Le même traitement est réservé à Xerxes, le roi Perse, et donne au film un côté grotesque vraiment dérangeant.

Le scénario est, quant à lui, cousu de fil blanc. Les deux actes de trahison sont hyper prévisibles et traités pardessus la jambe: la scène où le spartiate difforme se fait évincer par le roi avant de crier vengeance et de maudire ses parents est tout simplement consternante. Le moment où la reine se donne à son ennemi afin d'épargner la vie de son mari lors de son retour alors que celui-ci est parti... à la mort est tout aussi stupide. A ce propos, l'image de la femme est, durant tout le film, absolument déplorable. La soumission dont elle est fait preuve est justifiée, certes, mais sa présentation se limite uniquement au pur objet sexuel (la première scène érotique du film - sous forme d'un ralenti d'une dizaine de secondes - ne nous épargne aucun cliché tandis que dans le camp ennemi elle ne nous est dévoilée que lors de ses plaisirs lesbiens).

Restent alors les batailles. Là également, la déception est terrible puisque les deux premières nous montrent des Spartiates presque invulnérables, aux pertes extrêmement minimes, ôtant tout sentiment de danger et de tension durant la totalité du film, tandis que la troisième et dernière scène, qui promettait un affrontement mémorable et sans merci ne dure... qu'une trentaine de secondes (!!!), la mort frappant tous les vaillants combattants hors champ, le roi y compris. Une surprise de taille, à moins que le DVD nous offre un director's cut digne de son nom mais il est sans doute déjà bien trop tard pour sauver le film. Et ce n'est pas la scène finale, plagiant honteusement Gladiator et ses champs de blés pour la troisième fois (le compositeur Tyler Bates va même jusqu'à réutiliser des choeurs similaires à ceux de Hans Zimmer, alors que son propre score ne décolle jamais vraiment) qui rattrapera quoi que ce soit.

La critique peut paraître très sévère mais il est vraiment difficile de ressentir autre chose que de la frustration après le visionnage de 300. Les propos de Julien Dupuy (Mad Movies) expriment d'ailleurs parfaitement mon ressenti après ces deux heures de spectacle bourrin: Du bodybuilding cinématographique: une fanfaronnade boursouflée, affectée et vaine.

En espérant que Zack Snyder, dont le talent est évident, se rattrape d'urgence lors de son prochain film. Pendant ce temps là, je retourne à Sin City...

5/10

2 commentaires:

Seb a dit…

Ouch ! Ca calme :-)
Ceci dit ton avis est en ligne avec la revue de presse... très sévère.

Le résumé de Libé : "300 est un atroce film de propagande dont l'idéologie de droite extrême donne envie de vomir"

http://www.liberation.fr/culture/cinema/242357.FR.php

Mickaël a dit…

Même si ma déception s'explique en partie par le fait que j'attendais énormément de ce film, il faut reconnaître, en toute "objectivité", que métrage est artistiquement raté. J'attends tout de même de lire le comics même si ça ne changera sans doute pas mon opinion, à chaud, qui concernait uniquement le film.